Lorsque l’on évoque la viticulture avec des œnologues avertis, le regard est inévitablement tourné vers les robes ensoleillées des cépages du sud de la France, de l’Italie ou des pays du nouveau monde comme le Chili ou l’Argentine. Mais c’est vite oublié que la Belgique aussi possède ses propres viticulteurs.
Et certains sortent particulièrement bien leur épingle du jeu. Notamment le vignoble des Agaises, à Estinnes (Hainaut) dont le Ruffus est devenu un véritable fer de lance du vin belge, concurrençant même chez nous les plus traditionnels champagnes.
Malgré un climat peu propice à la viticulture, certains se sont aussi lancés en Brabant wallon. On pense notamment au domaine de Mellemont, à Perwez, ou le vignoble du Bois des Dames, à La Hulpe.
Plus récemment, c’est Sophie Wautier qui s’est lancée dans l’aventure au sein de sa ferme familiale, installée dans la campagne saintoise, à Tubize. Et qui a pour objectif de devenir le premier producteur de méthode champenoise certifié biodynamique.
Une reconversion réussie pour Sophie Wautier
Une chose quasi inimaginable, il y a cinq ans, pour la jeune trentenaire, alors psychothérapeute pour adultes autistes du côté de Tournai. Sa vie a basculé le jour où elle a suivi son époux, envoyé par sa société en mission en Autriche pour une durée de cinq ans. “L’idée de faire du vin était présente chez nous depuis quelque temps déjà“, précise la Saintoise. “En arrivant en Autriche, on s’est posé la question de savoir ce qu’on voulait comme projet de vie. Que faire pour lui donner du sens tout en œuvrant en faveur de l’environnement, de la Terre ?”
Sophie et son compagnon ont alors acheté une parcelle de 20 ares en Autriche et planté 600 pieds de Grüner Veltliner. “On voulait voir si la viticulture nous plairait”, poursuit Sophie Wautier. “Et comme l’Autriche est le berceau de la biodynamie, on a été plongé dedans. On a vu qu’on était capable de le faire et, surtout, qu’on aimait le faire. Ce n’est certes pas facile tous les jours. Il y a du stress et de l’incertitude mais, au final, je me retrouve pleinement dans ma nouvelle vie.”
A son retour en Belgique, Sophie a eu l’occasion de reprendre une partie de l’exploitation familiale. Et elle y a planté près de 12 000 pieds de vignes dans ce vignoble baptisé Domaine W. D’autres seront plantés l’an prochain de manière à avoir, à terme, 3,8 hectares de vignes et 200 arbustes fruitiers, pour favoriser la biodiversité et protéger les vignes des grands vents. “On pourrait très bien monter à 20 hectares de vignes mais on n’en a pas envie. Notre objectif, c’est de proposer un vin mousseux bio de qualité, pas de faire de la quantité. On veut aussi offrir aux gens la possibilité de déguster un vin sans pesticides.”
Les premières grappes de raisin sont attendues pour 2018. “A peine de quoi faire quelques bouteilles”, tempère Sophie Wautier. “Il faudra attendre 2019 pour avoir des bonnes vendanges. Puis 2021 avant de pouvoir commercialiser les premières bouteilles.”
D’ici là, Sophie devrait avoir obtenu la certification bio pour son vignoble qui en est déjà à sa deuxième année de conversion. Lequel deviendrait l’un des premiers vignobles belges produisant de la méthode traditionnelle bio à base des cépages champenois (Chardonnay, Pinot noir et Pinot meunier).
Infos : www.domaine-w.be